Vue de Tandacayou (ecolodge)

Vue de Tandacayou (ecolodge)

samedi 23 septembre 2017

Maria et moi



L'article que je m'apprête à écrire n'a rien de scientifique ou de journalistique. Il s'agit de la vision ethno centrée d'une européenne tropicalisée.

Lundi dernier, nous avions appris la veille qu'un ouragan de catégorie 1 se dirigeait vers la Guadeloupe. Branle bas de combat dans les supermarchés, la population afflue en masse faire des réserves. Ca bouchonne à la zone commerciale de Pigeon (commune de Bouillante). Je parviens néanmoins à faire quelques emplettes (eau, fruits, légumes, produits de longue conservation) car j'avais donné mes réserves pour aider St Martin, durement touchée 2 semaine plus tôt par l'ouragan Irma. 

Maintenant tout le monde pense que ça va être notre tour. La file d'attente n'a jamais été aussi longue   à Carrefour market. Je croise un collègue et sympathise avec une maman.

Puis c'est le soir. La nuit commence.

La maison est refermée sur elle-même : les volets sont clos. Même ceux que je ne ferme jamais. 
Je couche mon fils, mais les bourrasques et les branches qui tombent sur toit m'empêchent de dormir. Heureusement il y a toujours du courant et du réseau malgré les baisses de tension. J'en profite pour m'informer de la méteo et pour contacter mes amis, qui attendent eux aussi Maria. Enfin, Maria est déjà là, elle est en train de ravager la Dominique voisine et se dirigea a un train de sénateur sur Marie Galante et sur les Saintes au sud de la Guadeloupe.

J'en profite pour finaliser mes installations. Un, dos, très, Maria et puis quatre et cinq ! Maria est un ouragan de catégorie 5 et son oeil va frôler Basse Terre et passer à 50 Km de chez moi. Oups.
Opération renforcement du dispositif : une ficelle me permet de fixer un volet qui a du mal et le matelas de ma méridienne "home made" calfeutrera les clayettes du haut de la porte d'entrée que je n'arrive pas à fermer malgré le scotch. Consolidation du dispositif avec les palettes servant de sommier à la méridienne.
La nuit passe, et le sommeil me gagne peu après 2h du matin. Puis j'ouvre les yeux autour de 5h car la pluie s'arrête soudain et les rafales se renforcent. Les choses sérieuses commencent. Le mur de l'oeil  et ses vents à 250 km/h ne sont pas loin. Sur mon morne (colline) on a du avoir du 175km/h. Enfin, je sais pas trop, c'est ce que dit le voisin qui est loin d'avoir toujours raison.


 Une étrange sensation fait irruption. C'est donc ça un cyclone. Je regarde le toit. Il tient bon. Puis les choses reprennent comme avant :  rafales et bourrasques.

Maria by night



Maria by day (toujours en confinement)




La pluie cessera dans la matinée mais le vent continuera de ravager l'ile pendant de longues heures.




Dans mon jardin



 Dans ma rue






 Après la vigilance grise (mercredi 12h) j'entreprends une reconnaissance en haut du morne.



Les dégâts sont importants. La quasi absence d'élagage se paie au prix fort. Les arbres sont tombés sur les fils électriques. Il en va de même pour toute la Guadeloupe, engendrant un absence d'électricité et par voie de conséquence, un absence d'eau courante (la plupart des turbines ont besoin d'électricité pour fonctionner)



Les palmiers royaux ont une excellente technique pour survivre aux cyclones : ils se défont de leurs palmes pour conserver leur tête.




La route est obstruée, difficile d'aller plus loin avec le porte bébé.



Les dégâts dans le bourg de Bouillante : la houle cyclonique a projeté de pierres sur le parking et sur la chaussée.

A Birloton, la rivière Bourceau a du mal à retourner dans son lit 5 jours après le passage de l'ouragan.


Le bilan que dressent nombre d'entre nous est que nous n'étions pas prêts. Pas assez de réserves d'eau, pas assez d'élagage, des constructions qui ne sont pas faites pour résister à tes tels vents...
Espérons que nous les habitants et que les pouvoirs publics en prennent bonne note pour l'avenir. Maria était un avertissement. 






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